La genèse d’une élégance : aux origines du verre à vin
Le verre à vin n’est jamais neutre ; dès sa naissance, il chuchote déjà toute une histoire de statuts, de plaisirs et de goûts. Avant l’ère du cristal et des tables dressées, c’était l’amphore, la coupe rustique en bois, le hanap d’étain que l’on levait aux lèvres. Les tout premiers verres individuels dédiés au vin font leur apparition au Moyen Âge, réservés d’abord à la noblesse ou au clergé, dans des contextes où le luxe se distillait avec parcimonie (source : Musée du verre de Meisenthal). On boit alors dans des pièces précieuses, parfois gravées, symbole d’un privilège rare.
C’est à Murano, au XVe siècle, que naît la grande histoire d’amour entre verre et distinction. Les artisans vénitiens, gardiens jaloux de leurs secrets, soufflent des verres d’une transparence inédite, aérienne, là où le peuple s’en tient au grès ou à l’étain. À la Renaissance, la possession d’un « verre de Venise » est l’affirmation ostentatoire d’un statut social élevé – un objet qui, bien au-delà de sa fonction, déclare tout haut le rang de son propriétaire.